Vrai/faux sur les allergies

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Par Patricia Guipponi

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Un tiers des Français souffre d’allergies, maladie qui peut devenir gênante et même mortelle si elle n’est pas prise en charge à temps. L’allergène revêt tous les aspects : de l’aliment, aux pollens en passant par les moisissures et les médicaments.

L’allergie peut survenir à tout âge.

Vrai. L’allergie est une réaction inappropriée du système immunitaire envers quelque chose d’extérieur à l’organisme. Elle peut se déclarer à tout âge car elle se manifeste quand on se trouve en présence de l’allergène.

« Ce peut être immédiat ou intervenir un certain temps après l’exposition. La survenue de l’allergie est une question de circonstances qui s’additionnent comme l’exposition à l’allergène et la concentration de ce dernier », confie le docteur Madeleine Epstein, vice-présidente du Syndicat français des allergologues.

Les allergies sont héréditaires.

Vrai et Faux. Les allergies sont le plus souvent héréditaires. Par exemple, le risque d’allergie à l’arachide chez un enfant est à multiplier par sept dans une famille qui présente déjà cet antécédent.

L’Assurance maladie informe que si deux parents sont allergiques, il y a de fortes probabilités pour que leur enfant le soit aussi (entre 50 et 80 %). Si un seul parent est allergique, la probabilité pour l’enfant de l’être est de 30 à 50 %. Si aucun parent n’a d’allergie connue, la probabilité pour l’enfant d’en développer est de 10 %.

Les allergies aux pollens sont plus nombreuses que les autres.

Faux. En revanche, les personnes allergiques aux pollens sont de plus en plus nombreuses. La pollution de l’air est l’une des causes de cette augmentation. On estime qu’un Français sur trois serait allergique aux pollens.

« Mais les statistiques révèlent que les allergies les plus répandues sont celles liées aux acariens. Puis, viennent les pollens et ensuite les poils de chat », souligne l’allergologue. Selon l’Inserm, les allergies alimentaires les plus courantes sont les allergies au lait de vache, suivies par les œufs de poules et l’arachide.

Une allergie n’est jamais grave.

Faux. Il existe des formes légères d’allergies et d’autres plus sévères. « On en dénombre trois. La première est le choc anaphylactique », commente le médecin. Le système immunitaire réagit alors de manière excessive à un médicament, à une piqûre (insecte, serpent…), ou à un aliment (noix, fruits de mer…). La seconde forme grave d’allergie est caractérisée par l’œdème du larynx.

« La crise d’asthme sévère peut également survenir au cours d’une réaction allergique. Toutes ces manifestations critiques précitées peuvent amener le patient en réanimation et même conduire au décès ».

Le réchauffement climatique provoque plus d’allergies.

Vrai. « C’est indéniable. On voit en consultation des gens plus sensibles sur des périodes plus longues », affirme le docteur Madeleine Epstein. La hausse des températures entraîne une floraison et une pollinisation précoces ainsi qu’un allongement des saisons.

Par ailleurs, les espèces végétales qui migrent du sud vers le nord, l’adaptation au changement climatique - qui se manifeste notamment par une végétalisation plus grande des villes - augmentent le potentiel allergisant. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), 20 % des enfants de 9 ans et plus souffrent de rhinites saisonnières consécutives à une allergie aux pollens.

L’asthme et l’allergie sont liés.

Vrai. « L’asthme est un des symptômes de l’allergie, précise le docteur Madeleine Epstein. C’est une réaction de la bronche aux agressions, très souvent liées à un allergène. Toutefois, aucun symptôme n’est spécifique de l’allergie. » En effet, l’asthme peut être consécutif à une autre cause (tabac, infection pulmonaire virale…).

L’allergie n’a rien à voir avec l’intolérance alimentaire.

Vrai. L’allergie et l’intolérance ne répondent pas aux mêmes mécanismes. La première est une réaction du système immunitaire. Tandis que la seconde représente l’incapacité de digérer ou d’absorber un aliment. Ses symptômes sont avant tout gastro-intestinaux.

« Dans le cas d’une intolérance au lactose, on est face à une perte de l’enzyme qui permet de digérer ce glucide », remarque le médecin. Certains symptômes sont similaires à l’allergie et à l’intolérance (nausées, douleurs à l’estomac…). Le diagnostic d’un allergologue permettra de définir s’il s’agit de l’une ou de l’autre.

« Mon allergie m’a donné le goût de cuisiner »

Sarah est allergique aux protéines animales du lait.

« Je suis allergique au lait depuis ma naissance. Au début, ma mère m’allaitait. Lorsque l’on est passé au biberon, je me suis mise à gonfler et je m’étouffais. J’ai côtoyé beaucoup d’hôpitaux pour des essais de désensibilisation qui ne fonctionnaient pas et à cause d’absorptions malencontreuses de lait. Mes parents sont devenus très vigilants. Ma mère surveillait tout ce que nous mangions.

Mon allergie était très contraignante pour moi, notamment lors de goûters chez les copines, mais ça m’a aussi responsabilisée. Je suis gourmande et ça m’a donné le goût de cuisiner, d’inventer des saveurs, des textures de remplacement. Au début des années 90, il n’y avait pas beaucoup de produits sans lait. Il existe aujourd’hui des gammes diverses de yaourts ou encore de glaces. »

Une allergie peut disparaître.

Vrai. Les symptômes de l’allergie disparaissent lorsque l’on supprime l’allergène responsable. « Si vous êtes allergique aux poils de chat, logiquement en évitant le contact de cet animal, vous n’aurez pas de symptôme d’allergie. Ça ne veut pas dire que vous n’êtes plus allergique pour autant », reprend l’allergologue.

Certaines allergies peuvent fluctuer, s’atténuer avec le temps. D’autres disparaître : ce peut être le cas de l’allergie au lait ou à l’œuf chez l’enfant avant l’âge de cinq ans.

L’allergie se soigne facilement.

Faux. « Tout dépend de l’allergie. Toutes ne se soignent pas de la même manière, indique le docteur Madeleine Epstein. Et cela n’a rien à voir avec la sévérité car on peut très bien contrôler certaines formes graves et moins bien de plus légères. »

Plusieurs solutions thérapeutiques peuvent s’envisager en fonction de l’allergie et du patient : désensibilisation, traitements médicamenteux (antihistaminiques, corticoïdes…), suppression totale de l’exposition à l’allergène, etc.

Certains symptômes peuvent se révéler handicapants pour le patient. « Lorsque l’on a le nez bouché en permanence, ce n’est pas grave dans le sens où l’on n’en meurt pas. Toutefois, cela agit sur le quotidien, sur le sommeil… »

Point de vue

« Les allergies altèrent le quotidien »

Pascale Couratier est directrice générale de l’Association française pour la prévention des allergies.

« Vivre avec une allergie n’est pas toujours simple. Certains symptômes, tels que l’eczéma ou la rhinite, ne sont pas graves au demeurant mais altèrent le quotidien de l’enfant ou de l’adulte concerné et celui de ses proches. Ils entraînent des difficultés à l’école, au travail, un isolement social…

Les allergies alimentaires, par exemple, peuvent s’avérer difficiles à gérer. En effet, on ne peut pas tout maîtriser pour s’en protéger à 100 %. Et il ne suffit pas d’éviter l’aliment allergène pour que tout soit réglé. Il arrive que cet aliment soit caché. Les industriels modifient souvent les recettes originelles. C’est comme cela que l’on peut trouver des amandes dans la pâte de la tarte aux pommes, ce qui est problématique pour ceux qui y sont allergiques. La réglementation européenne impose d’afficher les allergènes mais ce n’est pas toujours fait dans les produits qui ne sont pas préemballés.

Par ailleurs, le regard des autres sur la personne qui souffre d’allergie est faussé. En effet, on a tendance à ignorer les conséquences de cette maladie à défaut de la vivre ou de partager l’existence d’une personne allergique. Il faut savoir que 65 % de la population considèrent que l’allergie est banale. On ne comprend pas combien cela altère la qualité de vie. On a tendance à galvauder le terme quand on lance : « Je suis allergique aux imbéciles ou à ma belle-mère ». Cet emploi-là est réducteur et minimise l’impact réel de la maladie.

Fort heureusement, il existe des bonnes pratiques pour lutter contre les acariens, contre les pollens… L’Association française pour la prévention des allergies les répertorie sur son site. En mettant en place des gestes simples et certaines mesures, on peut vivre mieux avec son allergie ».

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